Breve Compendio de la ‘Dame Milanaise’ Isabelle Bellinzaga

Un choix dans l’édition  par  Pierre Poiret de  La théologie du Coeur ou recueil de quelques traités qui contiennent les lumières les plus divines des âmes simples et pures qui contient :

Première partie

I. Le Berger Illuminé (pp.5-71)

II. L’abrégé de la perfection chrétienne (pp.72-220)

III. La ruine de l’amour-propre (pp.221-328)

Seconde partie

I. La Vie Intérieure (pp.1-104)

II. L’amour aspiratif (pp.105-179)

III. Abrégé de la Théologie mystique (pp.180-316)

A Cologne chez Jean de la Pierre 1690

 

Vrais Principes de l’Education Chrétienne des Enfants... (pp. 1-48)

A Amsterdam chez Wettstein 1690

 

(Archives Saint-Sulpice, cote T5-236)

(nos ajouts et commentaires entre parenthèses)

 

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Préface de la première partie : ...(II et III) écrits en italien par une Dame Milanaise (Breve Compendio intorno alla perfezione christiana d’Isabelle Bellinzaga, cf. Dict.Spir. vol.1 p.1939 ‘écrit entre 1584 et 1594... a exercé une influence considérable’, cf. M.Viller, L’abrégé... RAM janv.1931 t.XII 44-89) fait sur une copie à Arras 1629 de la trad. de Paris ...pleine de fautes, si confuse et si obscure...L’on a tâché d’y remédier...

Première partie

I.(pas jugé utile de transcrire)

II.(très beau et net: sélections:)

Abrégé de la perfection Chrétienne...

(81) Chapitre 2.

 Tout l’édifice de cette haute perfection est fondé sur deux principes qui consistent en pratique. Et quiconque saura régler par eux avec soin et attention toutes les actions ordinaires et journalières de l’état et de la vocation où il est, parviendra infailliblement au sommet et à l’accomplissement de cet édifice divin de la perfection chrétienne.

1. Le premier principe est avoir une estime très basse de toutes (82) les choses créées et surtout de soi-même.

De ce peu d’estime doit suivre quant à l’effet, un dépouillement entier de toutes les créatures et un renoncement à soi-même; et quant à l’affection, avoir toujours dans son coeur la ferme volonté de mettre avec joie ce dépouillement en pratique lors qu’il en sera saison.

De ce même principe doit encore dériver un regard vraiment tranquille de la soustraction que Dieu fait en nous lorsqu’il nous retire ou nous cache ses grâces. Il faut le souffrir et l’accepter de bon coeur...

2. Le second principe est avoir une très haute estime de Dieu, non par une voie de spéculations et de conceptions... mais par la voie d’une très prompte et pleine soumission de la volonté et même de l’homme tout entier... (83)...il doit naître en nous une conformité pleine et entière...

Cette manière d’agir ...mène et élève l’âme à l’union divine et même à la transformation en Dieu ou à la Déification; non par la voie mystique et (84) extraordinaire des ravissements...(mais) par la voie royale et commune, à savoir par une entière conformité, par un ferme établissement, par une pleine transformation de notre volonté en celle de Dieu et par un amour parfait...

De cette voie tous en sont capables et l’on y marche avec facilité et avec clarté, mais non sans peines et sans travaux, qui néanmoins sont suivis ordinairement de plusieurs dons, de lumières spirituelles et d’affections divines, lesquelles on doit pourtant tenir comme des graces ...données gratuitement, comme elles le sont en effet; de sorte qu’il ne faut pas trop y adhérer ni faire grand fond sur elles. Elles sont diférentes selon les différentes dispositions des âmes, les unes en ont plus et les autres moins...

Chapitre 3.

Après que l’âme a ainsi passé (90) par les deux voies de la connaissance et de la pratique du mépris d’elle-même, fondée qu’elle est alors dans son néant, elle entre dans une troisième voie où elle rencontre conjointement la désappropriation ou la véritable abnégation, la soustraction que Dieu fait ordinairement ici dans les âmes et la conformité avec la divine volonté, qui enfin font transformer l’homme en Dieu. ... 

Chapitre 4.

Cette pratique consiste ...en ce que nous dépendions (94) entièrement de la providence ...dans tout ce qu’il nous donne et qu’il nous ôte de toutes les choses créées.

Chapitre 5.

(95)...passer plus avant en la soustraction des choses créées. On doit la pratiquer non seulement à l’égard des indifférentes ...mais aussi à l’égard des saintes et des spirituelles, qui servent de moyens à unir l’esprit avec Dieu...

...les consolations spirituelles ...une tendresse, une ferveur, des larmes, une douceur sensible en tout ce que l’on fait (96) et une grande facilité à surmonter toutes sortes de difficultées par l’abondance de ce goût et de ce plaisir délicieux. Il faut se priver de tout cela ...(97)...se mettre dans une entière indifférence de les avoir ou de ne les pas avoir, avec égalité d’esprit...

(98) ...La conformité... plus telles douceurs ...passent les choses créées et leurs plaisirs superficiels, plus la privation que (99) l’on en fait transforme-t-elle l’âme en Dieu...

Chapitre 6.

Il vient ordinairement dans l’âme après le degré précédent, des lumières, des désirs et des affections de vertus stables et solides... Dans cette conjoncture il faut que l’âme monte à un plus haut degré de dépouillement... conformité à la volonté divine...

(100) C’est pourquoi il faut être sérieusement averti qu’encore que ces lumières et ces affections-là soient de Dieu au commencement et que d’abord qu’on les a reçu et embrassé elles produisent en l’âme de très bons effets... néanmoins ...on s’y laissera entraîner par l’affection naturelle qui nous fera volontiers embrasser de telles lumières et de tels mouvements avec grand contentement de nous-mêmes, c’est-à-dire qu’on y trouvera plus qu’une secrète complaisance de soi-même ...pour tâcher de coopérer avec ces lumières divines, on se mettra à discourir intérieurement et amplement avec soi-même, on voudra exercer et même fortifier les puissances naturelles de l’entendement, de la volonté, des affections, pensant que par ce moyen nos premières lumières s’augmentent de beaucoup et qu’elles se dilatent fort de l’intérieur. Mais rien moins que cela. Bien loin que ces choses soient des effets de Dieu, ce ne sont que pures réflexions de l’âme, jointes au plaisir qu’on a de goûter le principe qui les cause. L’intuition de la lumière de Dieu s’éteint tellement de la sorte peu à peu qu’enfin il ne (101) reste que l’effort naturel de l’âme et de la raison, c’est-à-dire que l’amour-propre, qui par la complaisance que l’on y prend, dilate ce peu de lumière divine que l’on avait reçue auparavant et qui tient pour fort grand ce qui ne l’est pas. On tombe de la sorte dans un aveuglement orgueilleux et dans une vaine présomption d’avoir beaucoup de vertu, de quoi viennent une infinité de tromperie, d’illusions et de déceptions. Notre Seigneur retirant sa main de telles gens à cause qu’ils s’opposent à lui par leur amour propre, car quoiqu’ils s’imaginent avoir beaucoup de vertus et de lumières infuses, ce ne sont pourtant, si vous en exceptez les commencements, que purs discours de l’âme et des efforts simplement naturels...

Lors donc que l’âme reçoit les sentiments divins dont l’on vient de parler, incontinent elle doit s’humilier profondément et comme un rien se réduire à un grand anéantissement. (102)...on se dépouillera de tout ce qui pourrait venir dans l’âme du crû de l’amour-propre par de telles lumières divines ...(ainsi) y acquiert-on grande vertu quoiqu’il semble qu’au contraire on la diminue...on ne fait qu’ôter un obstacle qui sous l’apparence de la vertu s’opposait et nuisait beaucoup...(103)...

Ceci est suivi  d’une conformité très purement lumineuse, avec des actes de volonté et d’affections toutes pures qui sont revêtues de la volonté de Dieu, de sorte qu’en ces divines influxions l’on ne prétend que de satisfaire et contenter Dieu seul ...à raison de quoi l’âme passe de soi en Dieu (104) et s’y transforme...

Chapitre 7.

(105)...il faudra même quitter entièrement toute la manière et l’état d’une vie tranquille et contemplative, où l’âme se sentait si délicieusement... pour s’occuper à des affaires de la vie active pour lesquelles elle aura beaucoup de répugnance...(106)...

...la douleur et l’anxiété qui affligent et inquiètent l’âme qui a de tels désirs (d’une vie contemplative) viennent ordinairement de l’amour-propre... elles sont des empêchements entre Dieu et l’âme... comme choses de nature créée elles retardent sa perfection...Aussi est-il assez facile de découvrir une secrète propriété dans une matière de choses si saintes et il semble même que de la sorte l’âme en vienne quoiqu’indirectement jusqu’à donner la loi à Dieu. ...(107)...

...tels désirs, même celui du martyre, lorsqu’ils sont joints avec ces peines et anxiétés, quoiqu’il paraissent quelque chose de grand, ne sont néanmoins alors que très peu de chose, puisque ce n’est que (108) propre intérêt et que vrai obstacle et empêchement entre Dieu et l’âme. Mais cet obstacle n’est pas plus tôt ôté, que le désir en son fonds et bien épuré, demeure plus grand que jamais; et au lieu d’empressement et d’anxiété, il est accompagné d’une tranquillité indicible en Dieu et en sa divine volonté. ...(109)...

...l’âme déposant et perdant toute estime de son industrie et de sa diligence, acquiert une (110) confiance certaine et une assurance filiale que Dieu, qui a donné le désir, donnera aussi l’accomplissement et la perfection quand il lui plaira ; et ainsi elle se remet et se jette entre  ses bras comme un petit enfant, se contentant de tout sans y plus penser, opérant et faisant ce qu’elle fait comme si elle était sans elle-même... comme un petit enfant elle laisse tout le soin de soi-même à Notre Seigneur avec une tranquillité vraiment divine.

C’est à ce dépouillement et à cette désappropriation si sublime que correspond la soustraction de NS ...quand il ne nous accorde pas la vertu que nous désirons... Il y a encore ici une conformité à la volonté divine qui est fort secrète... l’homme y laisse Dieu pour Dieu c’est-à-dire qu’il laisse et quitte Dieu en tant qu’il lui donne quelque chose de (111) propre intérêt en fait de vertu et de perfection, pour posséder le même Dieu sans intervention d’aucun intérêt, de quoi dérive une transformation... une déification...    

Faisons quelques applications particulières...

...le désir de la gloire éternelle... en venir à une telle conformité que quand il plairait à Dieu de ne nous la donner jamais, pourvu que ce fut sans aucune faute de notre côté, nous voulions bien nous contenter de cette divine volonté afin de nous dépouiller entièrement de tout amour-propre...(112)...

...le désir de l’anéantissement, du renoncement de nous-même et de la conformité avec Dieu; désirs qu’il faut aussi modérer...

...le désir de souffrir. Encore que notre nature y répugne ...il peut néanmoins arriver qu’on l’ait trop grand (113)...peut être l’objet de l’amour-propre...

...quiconque aspire à une haute perfection se doit tenir pour averti qu’elle ne consiste pas comme plusieurs le pensent, en ce qu’on ait ses pensées et ses affections en croix et dans les afflictions ...puisque toute chose, pour petite qu’elle soit, devient difficile à l’âme triste, au lieu qu’au contraire l’allégresse égaye et adoucit tout travail...

(114) Mais l’acte de la vertu est un parfait acquiescement et contentement, lequel naît d’une pleine et entière conformité avec le divin vouloir et qui cause une disposition très prompte à se soumettre en tout et par tout à ce que Dieu veut opérer et parfaire dans l’âme, par elle et d’elle, selon son bon et divin plaisir. Et parce que le trop grand empressement de vouloir endurer ou pâtir ôte cet acquiescement tranquille et qu’il empêche la perfection des opérations divines, l’âme doit s’en défaire et le retrancher, comme aussi rejeter les pensées des croix et des travaux lorsqu’il n’est pas saison de les endurer, changeant adroitement tout cela en cette divine gaieté de la conformité avec Dieu, à l’acquisition de laquelle on n’avance pas peu en se représentant des choses joyeuses et agréables pourvu que saintes: car de telles pensées sont conformes à la perfection.

De telle gaîeté naît une promptitude à toute opération, une force à surmonter les difficultées, une joie...

(116) Chapitre 8.

Quand l’âme est établie en la conformité, en la tranquillité et en l’allégresse ...Dieu a coutume ensuite de permettre, quand bon lui semble, qu’elle recommence à sentir des tentations... (120)...afin que le repos et la paix ...ne donnent occasion de si grande satisfaction de soi-même que venant à s’y complaire beaucoup elle ne tombe en péril de s’enorgueillir ...afin que l’amour-propre ...soit entièrement éteint ...afin que l’âme croisse et s’affermisse de la sorte dans la connaissance de sa bassesse ...afin qu’elle connaisse que la perfection ne consiste pas à (121)...ce qu’il y ait paix entre la raison et la sensibilité... (122)

...il ne faut pas s’efforcer de chasser les tentations à force de pénitences... il faut se soumettre à Dieu avec humilité ...et après cela ne plus se soucier des tentations et même les mépriser. Cela est suivi d’une Conformité avec la volonté de Dieu beaucoup plus grande... puisque ...l’âme est contente d’être désolée en elle-même...

(118) Chapitre 9. ...

Puis donc que sentir nos actions intérieures n’est ni la vertu ni l’acte de la vertu, mais que ce n’est qu’une satisfaction de soi-même, Notre Seigneur ...nous ôte ...un certain amour propre ...un propre intérêt dont l’âme se nourissait et par où elle nous retirait d’une plus grande union avec Dieu. ...On découvre ...(129) (que l’âme est) purgée de toute la propriété et de tout le propre intérêt qui lui étaient cachés: par où elle est élevée à un degré plus haut et disposée à une ...plus grande union...

(133 soustraction parce que) ...se sentir si allègre et si élevé dans la vertu où l’on est, est un état qui de sa nature met l’âme en péril de s’enorgueillir ...mais dans l’état dont nous parlons ici, l’âme se trouvant comme abîmée dans la bassesse par des sentiments d’anxiété, de craintes et semblables, est en assurance et bien munie contre ce péril...

Chapitre 10. ...(139)...

On éprouve alors par expérience, que l’âme se trouve quelquefois si accablée d’ennuis et d’afflictions et affaiblie de tant de distractions et de misères quequelque effort qu’elle veuille faire, elle ne saurait faire aucun acte ni d’actions de grâces envers Dieu, ni de quelque vertu que ce soit, ni même de vouloir ce qui est agréable à Dieu... (140)...Il ne lui reste alors qu’une tranquillité passive, par laquelle, comme un agneau devant celui qui le tond, elle demeure paisible... Et c’est là la véritable soustraction de tout l’actif de l’âme...  L’âme doit correspondre à cette soustraction par l’anéantissement, reconnaissant qu’elle est un pur néant...

(141)...il suit une conformité ...il en vient encore une espèce de Déification qui passe toute  (142) expression: c’est un acte encore passif, qui n’est ni oblation à Dieu, ni don, ni consécration, ni sacrifice, ni holocauste de soi-même, mais c’est quelque chose de beaucoup plus excellent et de plus parfait, comme serait de se donner et se laisser soi-même tout en proie à Dieu. (145)...Lors qu’elle renonce à tout ce qui est actif... alors Notre Seigneur l’élevant en une extase pratique ...opère parfaitement ...état beaucoup plus haut que celui qui regarde l’entendement ...pleine d’occasions infinies de nourrir la curiosité ...mais ici la volonté s’y dépouille...

Chapitre 11.

(146)...Alors la volonté est en tout et par tout dénuée et impuissante en tout, et sans résister ni s’opposer en rien, elle se laisse simplement dépouiller de tout. ...(147)...elle devient pratiquement non-voulante, c’est-à-dire qu’à l’égard de toutes les opérations qu’elle fait et qu’elle saurait faire, elle ne les fait ni ne les veut de sa part... (mais) comme commandées immédiatement de la volonté divine, sans mêler avec ce principe mouvant la concurrence de la sienne...

(suivi d’exercices, notre comm.: ce qui risque de refuser à la grâce le premier pas) ...(191)

 

Traité de l’Amour propre

...Il est bon de désirer la perfection... Il ne faut pas penser que quelque diligence que l’âme puisse faire elle puisse (193) y atteindre par ses propres efforts ...Il faut se comporter en cet état comme un enfant qui tète dont les efforts et les opérations sont douces et donnent du plaisir et de la joie ...à cause de l’innocence et de la pureté dont ils accompagnent cette action.

(199) On peut se figurer l’amour propre comme un homme monstrueux qui a ...quatre (yeux) pour soi-même, avec deux desquels il voit les avantages présents et avec deux autres il prend garde à ce qui peut faire à l’avenir à se propre et seule commodité.  ...(200) L’amour propre est si subtil qu’il entre et qu’il se fourre partout... (227)

 

La ruine de l’Amour propre par l’abnégation intérieure et l’état de la quiétude 

(reprise de l’Abrégé)

 III. (moins dense)

Seconde partie

I. (pas jugé utile de transcrire)

II. (pas jugé utile de transcrire)

III. (pas jugé utile de transcrire)